Thursday, January 1, 2009

Open market sur actions ou nationalisation temporaire

Roger E.A. Farmer, professeur à UCLA, suggère que le gouvernement américain rachète un panier indiciel des actions du S&P 500 (Financial Times, "The Economists’ Forum", December 30, 2008). Cela aurait pour effet de fournir aux agents privés de la monnaie fédérale, actif à très faible risque qui correspond aux aspirations de sécurité dans un contexte d’incertitude particulièrement élevée, les garantissant ainsi contre des pertes supplémentaires en capital, tout en maintenant une demande pour les actions et donc en soutenant les cours boursiers. Cette intervention d’open market sur les marchés boursiers étendrait le domaine traditionnel de la politique monétaire qui consiste à racheter des Bons du Trésor ou à réduire les taux d’intervention de la Banque centrale, notamment lorsque ces derniers approchent de zéro. Elle pallierait ainsi les limites de l’intervention monétaire dont l’exemple est clairement apparu au Japon dans la "décennie perdue" des années 90.

Une solution du même genre avait été envisagée dès 1992 par Nick Rowe dans son papier « The Bank of Canada should peg the TSE 300 ».

Cette nationalisation provisoire ne constitue pas une spéculation injustifiée si elle porte sur des paniers reflétant de larges indices de marché. Et d’autre part elle est tout-à-fait compatible avec la théorie positive de la privatisation et de la nationalisation développée dans Rosa (1988, 1993, 1997) et Rosa et Pérard (2006, 2008), références que l’on peut trouver sur mon site web. Voir également ce blog du dimanche 2 novembre 2008, titré « Ils n’ont pas tort … mais ils ne savent pas pourquoi ».

En effet, lorsque les cours boursiers chutent fortement, le coût du capital pour les investisseurs privés augmente, rendant peu attrayant l’investissement en actions. Dans le même temps le coût du capital de l’Etat n’ayant guère changé, ce dernier est en mesure d’enchérir avec plus de succès sur des investisseurs privés pour l’achat des mêmes actions. En d’autres termes les actions sont devenues relativement plus valorisées pour l’investisseur public que pour l’investisseur privé. Cela revient à dire que la nationalisation résulte, dans ces circonstances, de comportements optimaux à la fois des agents privés et de l’Etat.

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